Je suis certaine que la plupart d’entre vous avez déjà une idée générale du type de chien que vous aimeriez adopter. Pour certains, c’est un chien de famille, doux avec les enfants et, pour d'autres, c’est une petite bombe d’énergie parfaite pour vous suivre dans vos aventures ! À travers cet article j'aimerais vous donner le plus d’outils possible pour vous aider à atteindre ces objectifs et faire de votre chiot le chien de vos rêves.
On peut être porté à croire qu’avoir chien obéissant et facile à vivre passe par les commandes de base, ce qui est en partie vrai, mais la fondation d’un chien à la hauteur de Lassie commence très tôt !
Effectivement, la période la plus critique pour façonner le chien parfait (ou presque) commence à l’âge de 2 mois et se termine vers 4 mois. Deux mois seulement pour sculpter notre copain canin ! Je parle ici de la période de socialisation.
Bien entendu, beaucoup d’éléments sont à considérer durant cette période si fragile. De plus, il peut être facile de se perdre dans le chaos du quotidien. Voici 3 petits conseils pour vous aider à passer à travers la socialisation de votre chiot le mieux possible :) .
1. Assoyez-vous en famille et discutez des objectifs et des attentes que vous avez envers votre chien, prenez-les en note, puis faites-vous un plan d’action !
Lors de la prise de rendez-vous pour une consultation privée, en tant qu’intervenante en comportement canin je m’assure que toute la famille soit présente (autant que possible). En effet, la constance et une bonne compréhension du comportement canin au sein de la famille vont grandement augmenter les chances de succès et de l’atteinte des objectifs !
En prenant le temps de s'asseoir ensemble, les inquiétudes, attentes et aspirations de tous seront mises en évidence. Tout le monde va agir selon un plan commun, appréhender le comportement canin avec les mêmes connaissances, et en parler selon le même vocabulaire. Cette cohérence est essentielle pour faciliter l’adaptation du chiot dans sa nouvelle famille, ainsi que pour son éducation ! Je trouve aussi que c’est une excellente excuse pour se faire livrer du restaurant (toute excuse est bonne selon moi…).
Une fois votre liste d’objectifs écrite, c’est le moment d’établir un plan d’action ! Mais comment s’y prendre ?
Essayez de décortiquer tous les paramètres impliqués dans la réalisation de chacun des objectifs en de toutes petites étapes faciles. Si vous trouvez qu’une étape semble facile, simplifiez-la encore plus ! Parfois, en étant plus conservateur, on réussit à avancer plus rapidement dans notre plan, car le chiot restera constamment en situation de succès et vivra le moins de stress possible.
Truc de pros pour faire un bon plan de socialisation : TOUJOURS aller du plus facile au plus difficile. Si votre chiot montre le moindre signe de stress, donnez-lui plein de récompenses, offrez-lui une pause et reculez d’une étape !
Par exemple :
Objectif final : j’aimerais que mon chiot aime l’eau et apprécie les balades en paddle board
Plan :
Introduire mon chiot à la baignade dans une piscine pour enfant ou dans une plage ayant une pente qui descend graduellement. L’encourager à venir par lui-même avec des récompenses ou des jouets
Attirer mon chiot sur la planche avec des friandises, sans que celle-ci ne soit dans l’eau, et le nourrir dessus
Faire des petits mouvements de ballottement sur la planche lorsque le chiot est dessus pour l’habituer à l’instabilité, puis récompenser
Attirer le chiot sur le paddleboard dans l’eau pour une courte durée, et récompenser tout le long
Mettre le chiot sur le paddleboard dans l’eau pour une petite excursion tranquille, remplie de nourriture, donner un os. Rester proche de la berge pour revenir aussitôt sur la terre ferme s’il ne se sent pas bien.
Astuce : si vous avez adopté votre chiot en hiver, vous pouvez lui apprendre à aimer l’eau... dans une bassine ! L’idée principale va être la même : le laisser découvrir et procéder à son rythme ! C’est pour cela que votre arrangement doit lui permettre d’embarquer ou de sortir de la bassine par-lui même, sans avoir à le prendre dans vos bras pour cela. Au besoin, faites-lui des petites marches, par exemple avec des boîtes empilées et bien stables :) !
Astuce de PRO : si votre chiot a peur des surfaces glissantes, vous pouvez tapisser le fond de la bassine de serviettes ou de tapis antidérapants :)
2. La qualité avant la quantité !
Durant la période sensible qu’est la socialisation, le cerveau de votre chiot est semblable à de la pâte à modeler (pas littéralement, métaphoriquement hihi!). Toutes les expériences que vous lui ferez vivre vont le sculpter tranquillement et définir la façon dont il va réagir aux éléments de la vie de tous les jours. Dans le même ordre d’idée, imaginez que ces expériences ne soient pas toutes positives : est-ce que sa socialisation atteindrait alors le but recherché ? S'il est constamment confronté à quelque chose de stressant, et ce, de façon répétitive (exposition oblige), ne va-t-il pas au contraire développer de la méfiance, voire de l’aversion vis-à-vis de l’événement en question ? Eh oui, la socialisation est à double tranchant, et l’exposition à elle seule n’est jamais garante de succès. Il faut absolument s’assurer que le chiot se sente en confiance et apprécie la situation, afin de partir sur les meilleures bases possibles, et de lui construire un bel avenir. Par exemple, si votre chien a peur à chaque fois qu’il est confronté à d’autres chiens, et bien il aura probablement peur de ses congénères durant le reste de sa vie d’adulte... Et remplacez maintenant les chiens par des enfants dans mon discours... Ce n’est pas évident de toujours gérer l'environnement pour s'assurer que le chiot soit confortable, surtout lorsqu’il y a d’autres êtres vivants dans l’équation.
Rassurez-vous, cela ne veut pas dire que je ne recommande pas que vos chiots jouent avec d’autres chiens (ou qu’il rencontre des enfants, ou des animaux domestiques, etc...), bien au contraire ! On ne veut pas élever un chiot dans une bulle. Ce que je propose est plutôt de l’exposer à des situations facilement gérables où les gens (ou les chiens) sauront le respecter et lui donner l'espace dont il a besoin.
**Note : Il est important d’évaluer le niveau de stress d’un chiot afin d’agir de la bonne manière selon l’intensité de l'émotion vécue. En cas de très grande peur, le chiot n’est malheureusement que rarement capable de s’habituer à la situation. Il en résulte alors une sensibilisation, qui peut l’amener à développer des phobies (sociales, sonores, environnementales, …). Au contraire, certaines peurs, si elles sont de faible intensité, peuvent “passer toutes seules”. Par exemple, je suis certaine que votre chiot se grattait beaucoup lorsque vous lui avez mis son collier pour la première fois. Maintenant, son collier fait pratiquement partie de lui. Il ne s’en rend probablement plus compte et s’est donc habitué, malgré le fait que c’était un peu inconfortable au premier abord.
À retenir : pour toutes les situations plus anxiogènes, la meilleure action à poser est de jouer au garde du corps et de sortir votre chiot de la situation, puis de lui donner de la nourriture, s’il est capable de manger. L’objectif est qu’il comprenne que ses humains sont à l’affût de ses états d’âme et qu’ils vont assurer sa sécurité, tout comme le feraient des parents avec de jeunes enfants. Cette façon de procéder est essentielle à toute relation basée sur la confiance. Votre chiot vous le rendra mille fois, une fois à l'âge adulte :)
Lorsqu’on parle de qualité par rapport à la quantité, on veut simplement s’assurer que le chiot s'amuse dans toutes les situations, et qu’il apprécie la nouveauté !
3. Soyez alerte au langage corporel de votre chiot
Savez-vous que votre chien vous parle constamment ? Certes, c’est beaucoup plus subtil pour nous que nos langues traditionnelles, mais tout aussi clair lorsqu’on apprend à le comprendre ! Comme lorsqu’on apprend à parler une autre langue, c’est normal d’être maladroit au début. Ça prend beaucoup de pratique pour dépasser l’étape du ‘’yes, no, toaster’’ et c’est pourquoi je vais vous donner quelques trucs faciles pour évaluer rapidement l’état d’âme de votre chiot. :)
Est-ce que votre chiot est capable de manger ?
Tout changement drastique au niveau du comportement de votre chiot peut être une indication qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Par exemple, avant d’arriver chez le vétérinaire, votre chiot mangeait sans problème dans la voiture, le stationnement et même dans la salle d’attente. Cependant, une fois dans la salle de consultation, votre chiot arrête subitement de manger. Ceci est un gros indice qu’il a très peur et est extrêmement inconfortable dans cette situation.
Voici quelques indices faciles pour déterminer si un chiot est à l’aise ou non.
Confortable :
Corps détendu
Mange sans pincer les doigts
Est capable d’effectuer des commandes simples
Les oreilles sont molles et bougent avec lui
La queue bouge avec son corps
Inconfortable :
Le corps est tendu, il ne bouge pas ou tremble
Il fait des mouvements saccadés, regarde partout et ne semble pas à l’écoute (hypervigilance)
Sa queue est tendue, entre les jambes ou non.
Le blanc des yeux est présent - le chien regarde de côté
Halètement, même s’il ne fait pas chaud.
Les oreilles sont collées sur la tête, vers l’arrière.
Bien entendu, cette liste n’est pas exhaustive, il y a des énormes briques de livres dédiés seulement à l’analyse du langage corporel canin, mais ceci est un petit guide facile pour vous aider. Si votre chiot présente l’un ou plusieurs signes qu’il est inconfortable, prendre les moyens nécessaires pour qu’il se sente mieux (l’éloigner de la situation (comme je vous disais, être son garde du corps ;), ou cesser une interaction, etc) et prendre une note mentale de ce qui s’est passé afin de pouvoir y travailler par la suite, en respectant son rythme d’apprentissage, et en procédant par petites étapes, comme déjà dit plus haut.
Conseil Bonus : prendre un cours de maternelle!
L’éducation d’un jeune chiot n’est pas de tout repos et c’est normal d’avoir parfois besoin d’aide !
Le plus important est de se sentir bien outillé afin de lui offrir le meilleur départ possible. Apprendre le langage corporel des chiens, établir des plans concrets et complets de socialisation, et l’exposer à diverses situations dans un environnement sécuritaire ne sont que trois des aspects cruciaux à ne pas manquer lorsque votre adorable petite boule de poils arrive à la maison... Et bien sûr, pour réussir haut la main la tâche ardue d’élever un chiot, rien ne vaut un bon cours de maternelle, qui doit comporter des éléments de socialisation, comme le jeu entre chiots, les manipulations par des étrangers, l’introduction au toilettage, la prévention à la protection des ressources, et bien plus encore, pour façonner le chien de vos rêves :)
Article écrit par Aryel Lafleur, copropriétaire de Trop Chien Inc., intervenante en comportement canin, et technicienne en santé animale
Crédit photo : Chantal Levesque
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